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Libération

SPECIAL CHINE. Adieu «camarade», bonjour «monsieur». L'évolution rapide du langage reflète les changements sociaux.

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publié le 1er octobre 1999 à 0h59

(notre correspondante à Pékin)

C'est un dialogue de sourds qui s'est instauré entre les générations. Les Chinois de 7 et 77 ans ne parlent plus la même langue. Bien sûr, c'est toujours du chinois, mais truffé d'expressions radicalement différentes. Au travers de ce panorama du langage courant, transparaissent les bouleversements profonds de la société.

Poule sauvage. Ainsi il est désormais exceptionnel d'appeler quelqu'un Tongzhi (camarade). Les vieilles appellations des années 30 sont réapparues et l'on précise poliment après le nom de famille Xian Sheng (personne née avant moi, donc plus savante et, par extension, Monsieur), Nû Shi (femme respectable, Madame). Un cuisinier ou un chauffeur de taxi se fera appeler Shifu (maître). Toute une série d'expressions campagnardes sont également apparues sous l'influence des Yu Min (la population flottante), ces paysans sans terre qui viennent tenter leur chance dans les grandes cités. Ils s'adressent à une femme plus âgée qu'eux en l'appelant Da Jie (grande soeur) et aux hommes dans la même situation (précaire), ils donnent plutôt du Ge Men (mon frère, mon pote). L'expression Xiao Jie (petite soeur, Mademoiselle), qui était jusque là utilisée pour parler aux serveuses ou vendeuses, est en train d'évoluer, prenant un sens péjoratif, car elle sous-entend désormais qu'il s'agit d'une fille qui se vend.

Mais il ne s'agit pas encore d'une Ji ou Ye Ji (poule ou poule sauvage), terme réservé aux prostituées. La basse-cour inspire d'ailleurs