Depuis quinze ans qu'il a gagné le concours pour construire
«l'hôpital le plus moderne d'Europe», Aymeric Zublena, architecte en chef de l'hôpital Georges-Pompidou, dans le XVe arrondissement de Paris, pensait avoir tout vu, tout entendu. «Mais cette rumeur-là, ça non, on ne l'attendait pas.» Et pour un peu, il en perdrait son flegme. Depuis quelques semaines se glisse en effet un méchant bruit insinuant que «tout est à l'arrêt», que «le bâtiment s'effondre», bref, que «le navire coule». Zublena s'énerve: «Selon l'expression consacrée, je demande à la direction de l'Assistance publique de réceptionner l'ouvrage en novembre.» Et il insiste: «Il y aura bien sûr quelques adaptations, mais, fin novembre, l'hôpital est fini.»
Passé le mouvement d'humeur, Aymeric Zublena reprend le dessus. «Quinze ans, c'est long, j'en conviens. Mais regardez les autres grands hôpitaux européens, comme celui de Berlin, ils ont pris presque le même temps pour naître. Quant au budget, aucune dérive. Au final, on sera sur un budget d'1,7 milliard, au lieu d'1,6.»
Rue sur trois niveaux. L'histoire titanesque de la construction de l'hôpital Pompidou, sur les anciens terrains des halles de Baltard, touche donc apparemment à sa fin. En tout cas, côté bâtiment, ça va. Et Aymeric Zublena peut faire visiter son oeuvre, avec sa rue hospitalière, «axe majeur de l'organisation spatiale et fonctionnelle», qui ouvre tout le bâtiment central. L'architecture de cette «rue qui se développe sur trois niveaux est déterm