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Libération

Dealers de crack: le «triangle d'or» en a sa dose. Faute d'îlotiers ou d'éducateurs prévus près des centres d'accueil, le quartier parisien Marx-Dormoy a vu se multiplier les toxicomanes.

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publié le 6 octobre 1999 à 1h04

La scène se passe dans le nord de Paris, chaque matin. Des dizaines

de toxicomanes se regroupent autour de la station Marx-Dormoy, dans le XVIIIe arrondissement. Ils attendent la livraison de crack. Entre 5 heures et 7h30, quelques hommes assez jeunes arrivent sur la place, regardent de tous côtés. Puis ils s'installent à l'entrée d'une rue. Là, une voiture s'engouffre quelques minutes plus tard. Elle s'arrête, laisse un paquet, repart, s'arrête un peu plus loin. Puis la vente commence. Les toxicomanes s'agglutinent autour des dealers, souvent consommateurs, qui vendent au détail. La police estime à près de 150 le nombre de drogués qui fument ou s'injectent le crack dans le quartier. A peine servis, certains fument, accroupis sur le trottoir. Puis ils restent toute la journée entre les rues Pajol, Riquet et Philippe-de-Girard. Un triangle où les agressions se multiplient, où l'exaspération monte. Plusieurs coups de feu ont été tirés des balcons ces dernières semaines. Samedi, dans le quartier, les commerçants baisseront leurs volets. Les habitants appellent à un rassemblement.

Les problèmes ont commencé en 1994, lorsque la police a chassé les dealers de la place Stalingrad. La même année, deux structures d'accueil pour toxicomanes ouvraient dans le «triangle d'or»: le Sleep-in, qui dispose d'une trentaine de lits pour accueillir de nuit, et la Boutique qui accueille quelques heures par jour. Elle propose notamment des échanges de seringues. Pour les habitants, les associations