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Libération

«Pour les protéger de leur père». Une mère, qui a égorgé ses deux enfants au Havre, a été écrouée hier.

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publié le 12 octobre 1999 à 1h09

Le Havre, correspondance.

Face à la gare du Havre, au fond d'une impasse, l'hôtel est calme, fleuri et bardé de lierre. Elle a d'abord regardé les prix affichés: 240 F pour trois, avec salle de bains. Elle a ensuite refusé la chambre du rez-de-chaussée, tout près de l'entrée et donnant sur le jardin, lui préférant une chambre du haut, plus isolée. C'est là, samedi soir, que Carole R. a égorgé ses deux garçons de 2 et 8 ans. Elle est sortie précipitamment «chercher des cigarettes», a ensuite téléphoné à l'hôtelier «pour qu'il aille voir les enfants» et a été interpellée, un peu plus tard. C'est, dit-elle aujourd'hui, «pour les protéger de leur père qu'elle les a envoyés au ciel et au paradis».

Carole R., 24 ans, sans profession, habitait avec ses deux enfants près de Rouen, à Amfreville-la-Mi-Voie. Une banlieue industrielle et résidentielle. Les entreprises et les maisons de brique rouge qui longent la Seine sont traversées par la nationale et surmontées de collines boisées.

Au pied des arbres, des HLM de quelques étages ont été construites dans les années 70. En bas du petit immeuble du 2, rue Jules-Vallès, deux jeunes s'emportent contre un autre, pour une histoire de voitures volées. Une locataire rentre, le pain sous le bras: «Carole R.? Connais pas.» Odeur fade, murs ternes, de grands couloirs vides. Sur la boîte aux lettres, accolé au nom de Carole R., celui de son dernier concubin, 24 ans, d'origine africaine, le père de son plus jeune enfant.

Et c'est justement pour lui é