Bordeaux, envoyée spéciale.
Maurice Papon doit aller en prison. La réponse de la justice à sa demande de dispense est claire et sans recours possible. Plus de certificats médicaux, plus d'artifices juridiques ni de statut particulier: «Maurice Papon est un citoyen comme les autres», se félicite Gérard Boulanger, avocat de parties civiles. «Dix-sept ans"», lâche Michel Slitinsky, l'un des premiers plaignants. Dix-sept ans qu'il répétait: «L'affaire Papon sera terminée le jour où Maurice Papon franchira la porte de la prison.»
Hier, dans la salle des pas perdus du palais de justice de Bordeaux, animée et remplie comme aux heures les plus agitées du procès, les parties civiles, parents de déportés ou représentants d'associations, ont peine à croire qu'ils sont au bout du chemin judiciaire. Dix-huit mois après la condamnation de l'ancien secrétaire de la préfecture de la Gironde à dix ans de réclusion criminelle, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Bordeaux exauce pourtant leurs voeux et met fin au statut particulier de Maurice Papon, ancien ministre et seul condamné libre de l'histoire judiciaire française. Me Varaut, son conseil, dissimule sa déception derrière une indignation de principe: «Les parties civiles ont été déclarées irrecevables, mais elles ont plaidé, c'est-à-dire requis et obtenu ce qu'elles voulaient, c'est-à-dire la prison.» Il ajoute, amer: «Je n'ai plus de recours que purement moral devant la Cour européenne des droits de l'homme, la France sera un jo