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Libération

Où est passé l'argent de la solidarité malienne? Une association d'aide au développement des villages est soupçonnée d'avoir détourné les dons des immigrés.

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publié le 13 octobre 1999 à 1h26

Un tribunal bondé, des Africains sur toutes les chaises, une bagarre

qu'on sent poindre, et une juge un peu dépassée: «Cette affaire concerne-t-elle vraiment le tribunal, ne voulez-vous pas tenter une médiation?», interroge-t-elle. Une des parties, nettement majoritaire, refuse, très énervée. L'autre, trois hommes à l'air préoccupé, aurait accepté. Il est vrai que le litige est peu banal: le 23 septembre, Diegui Tandia, un Français d'origine malienne, assignait en référé devant le tribunal de grande instance de Créteil l'association des représentants immigrés de Diongaga, son village du Mali, pour obtenir la nomination d'un administrateur. L'homme, qui fut autrefois chef de ce village, dénonce la gestion et le manque de transparence de cette association, l'Arduf. Ce ne serait qu'un litige entre deux petites associations si l'Arduf ­ qui collecte des fonds en France parmi les originaires de Diongaga pour aider au développement de ce village pauvre de la région de Kayes ­ n'avait amassé, en quelques années, des sommes conséquentes évaluées par la partie adverse à 10 millions de francs. Les représentants de l'Arduf démentent la somme et affirment que leurs comptes sont parfaitement clairs. Parole contre parole, documents et témoignages à l'appui pour les deux parties. 200 associations. Le 30 septembre, le juge des référés n'a pas donné raison à Diegui Tandia, estimant que l'Arduf fonctionnait «apparemment normalement». Mais l'affaire dépasse le cadre du village et de cette régi