Strasbourg, de notre correspondante.
Il y a maintenant près de dix ans que Claude Mazurek, 57 ans, fils adultérin, réclame justice. A la mort de sa mère, en 1990, il n'a eu droit qu'à la moitié de la part de la succession qui lui serait revenue s'il avait été un enfant légitime, soit un quart du montant de la succession. Son frère, lui, a hérité des trois quarts restants. Ainsi en ont décidé les tribunaux français, en application de l'article 760 du code civil et de la loi du 3 janvier 1972 (lire Libération de mardi). Hier, la plainte de Claude Mazurek était examinée devant la dernière instance de recours possible, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Le fils adultérin accuse la France de violation de deux des droits de l'homme fondamentaux: le «droit au respect de la vie privée et familiale» (article 8 de la convention européenne des droits de l'homme) et l'«interdiction de discrimination» (article 14). Parce qu'il entend obtenir une condamnation publique de la France en cette affaire, parce qu'il espère que celle-ci sera contrainte de faire évoluer sa législation sous la pression internationale, Claude Mazurek a d'ailleurs refusé la proposition d'un règlement à l'amiable formulé quelques jours avant l'audience par le gouvernement français. Celui-ci lui offrait l'intégralité des sommes dont il a été lésé lors de la succession, en échange d'un abandon de la procédure devant la cour.
Alain Ottan, l'avocat du fils lésé, a fait valoir qu'en vingt-cinq ans la sociét