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Libération

«Pourquoi continuer à cultiver le secret?»

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Les magistrats sont prêts à un débat sur la franc-maçonnerie.
publié le 14 octobre 1999 à 0h58
(mis à jour le 14 octobre 1999 à 0h58)

Les magistrats n'étaient pas préparés, et c'est peu dire, à un débat sur la franc-maçonnerie. Jusqu'ici, ceux qui abordaient le sujet le faisaient en privé. Et voilà que les déclarations tonitruantes d'Eric de Montgolfier font se délier les langues. «Quand vous êtes magistrat dans un tribunal, affirme un hiérarque, et que vous appartenez à un cercle, quel qu'il soit, même le Rotary, vous prenez le risque de perdre de votre indépendance.» Un autre renchérit: «Le vrai problème est posé par la culture du secret dans la franc-maçonnerie, alors que d'autres opinions religieuses ou politiques sont vécues au grand jour.» Mais surtout, ce que redoutent certains, c'est la chasse aux sorcières, le maccarthysme judiciaire que risquerait d'entraîner un débat public.

«Bombe à retardement». «Dans le cadre du débat sur l'impartialité du juge, il est difficile de faire l'impasse sur la franc-maçonnerie», admet Valéry Turcey, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire, modérée). «Mais très vite, on porte atteinte aux libertés publiques, à la liberté de croyance. Il y a la réponse de type anglo-saxon qui fait du juge un personnage éthéré au-dessus des contingences sociales. Or, dans les pays où on admet que les juges ont droit aux mêmes libertés que tous les citoyens, l'appartenance à la franc-maçonnerie doit être protégée au même titre que la liberté religieuse ou politique.» Membre du Conseil supérieur de la magistrature et de l'USM, Michel Lernout assu