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Libération

Pagaille maximale pour une alerte fictive. La centrale de Nogent avait organisé un exercice d'évacuation.

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publié le 15 octobre 1999 à 1h12

Nogent-sur-Seine, envoyé spécial.

Jeudi à l'aube. Une nappe d'hydrocarbures descend la Seine à proximité de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. En deux heures, cette minimarée noire obstrue les pompes à eau du circuit de refroidissement du réacteur. Un à un, tous les systèmes de secours tombent en panne. Le coeur d'uranium menace de fondre. A 10 heures, le BDS, bâtiment de sécurité de la centrale, est envahi par les journalistes. Dans leur propre rôle. «C'est fictif, c'est fictif!», martèle Laurent Stricker, l'un des patrons du parc nucléaire d'EDF, moins bon, lui, dans le rôle du responsable de l'atome face à la catastrophe. Des «exercices de crise», il y en une centaine par an dans les 57 centrales EDF. Seulement, pour la première fois, le scénario particulièrement retors imaginé par l'autorité de sûreté nucléaire prévoit l'évacuation d'un village. Et ça, ce n'est pas de la fiction. D'où la fébrilité d'EDF, et la «pression médiatique»: «Nous ne sommes que des spectateurs d'un scénario hautement improbable. Pour l'évacuation, c'est le préfet qui a la main», assure le porte-parole d'EDF. A l'intérieur du BDS, les ingénieurs des trois postes de commande (direction, moyen, contrôle) découvrent en temps réel l'ampleur de leur supposée déconfiture. Un accident de niveau 5, du type survenu lors de la fusion du coeur de la centrale américaine de Three Miles Island en 1979, avec des rejets limités dans l'atmosphère. Tous les quarts d'heure, un «message quart d'heure» est