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Libération

Tableau de la France sous ecstasy. Un psychiatre a sondé pendant trois ans usagers et dealers.

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publié le 15 octobre 1999 à 1h11

Ici, pas question de statistiques. Cette étude, la première sur la

question, est une «approche ethnographique de la consommation d'ecstasy et de ses dérivés» et elle a été réalisée par l'Irep (Institut de recherches en épidémiologie et pharmaco-dépendance), sous la direction de Rodolphe Ingold, psychiatre et anthropologue. Avec son équipe de cinq enquêteurs, il a, pendant trois ans, traîné dans les bars, discothèques et after de Paris et Lille. Mais aussi dans quelques grandes raves (Boréalis à Montpellier, D-Mention à Rungis), sans oublier la Techno Parade parisienne de l'an passé et le festival des Eurockéennes de Belfort, cuvée 98. Tout est soigneusement noté, à commencer par les prix (100 F en région parisienne, 70,60 F à la frontière belge).

Trilogie. Ces observations lui ont permis de mesurer l'ampleur du problème. «On a sous-estimé le phénomène de l'ecstasy, le croyant cantonné à un milieu branché et parisien, explique Rodolphe Ingold. Mais ça, c'était au début du mouvement techno, il y a quatre ou cinq ans. Aujourd'hui, l'usage de cette drogue se répand dans tous les milieux, notamment dans la banlieue.» Même si la trilogie banlieue-rap-cannabis contre celle du centre-ville, techno-ecstasy, reste au goût du jour, l'étude de l'Irep permet de dégager des passerelles entre les deux. Car si les deux univers restent bien séparés, «les dealers sont bien souvent les mêmes, ils circulent dans les raves et vivent dans les cités. Ils finissent par vendre les mêmes produits aux