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Carnets de justice: «Elle, je ne sais pas où on peut la renvoyer».

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publié le 18 octobre 1999 à 1h13

Tribunal correctionnel de Bobigny,

comparutions immédiates La présidente est embêtée: «Il y a un problème aujourd'hui au palais, nous n'avons pas d'interprète de chinois.» Un avocat est agacé: «Et en plus il y a un défaut d'escorte, les prévenus ne montent pas.» La présidente secoue la tête: «Si ça continue, l'audience sera levée faute de combattants; c'est tout l'intérêt, on va de surprise en surprise.» L'interprète arrive en courant, dit qu'elle doit repartir vite «pour une autre affaire». La présidente se tourne vers l'avocate de permanence, plongée dans le Dahlia noir de James Ellroy: «Maître, pourriez-vous jeter un oeil sur le dossier de madame Li?» Li est taïwanaise, elle vendait des contrefaçons de pièces automobiles au salon de Villepinte quand elle a été arrêtée. Li finit par apparaître dans le box. Elle pleure . La juge explique: «Cette affaire ne peut être jugée aujourd'hui, car nous avons besoin d'un interprète et nous n'en disposons pas.» L'interprète traduit ce que dit Li: «Je ne suis que secrétaire commerciale , je n'ai aucune responsabilité dans la société qui m'a juste envoyée pour présenter cette exposition. Je voudrais un délai pour préparer ma défense et prouver ce que j'ai dit.» Le procureur explique: «Le renvoi de cette affaire s'impose pour vérifier les responsabilités des uns et des autres. Je vous propose un contrôle judiciaire avec un fort cautionnement pour être sûr qu'elle se représentera bien devant le tribunal.» La plaidoirie de l'avocate est po