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Enquête

GRAND ANGLE. L'introuvable fondation Giacometti.

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Dès 1986, la veuve du célèbre sculpteur s'inquiétait du devenir de sa collection. Six ans après sa mort, la fondation privée qu'elle appelait de ses voeux n'a toujours pas pu voir le jour. Au centre de cet imbroglio sur la succession: Roland Dumas. Récit de treize années de péripéties.
publié le 18 octobre 1999 à 1h13

Il y a tout juste quatre-vingt dix-huit ans, le 10 octobre 1901, à Borgonovo, près de Stampa, dans les Grisons, Annetta donne un premier fils à Giovanni Giacometti, artiste peintre: Alberto Giacometti naît avec le siècle. Il aura deux frères et une soeur: Diego, qui travaillera avec lui, Bruno et Ottilia. Foncièrement indépendant, solitaire même, Alberto s'installe en 1940 à Genève, où il rencontre une jeune fille de 18 ans, Annette, lors d'une lecture de poésies: «Tu as pris ma chaise», sont ses premiers mots. En 1949, revenu à Paris, il l'épouse ­ en grande partie, pour faire plaisir à la «mamma». C'est à cette période qu'il accède à la notoriété, aux Etats-Unis notamment. Mais il reste un homme humble et enjoué, ayant gardé l'accent italien de ses origines. Il travaille beaucoup, jour et nuit, et passe ses soirées en d'interminables conversations avec Michel Leiris ou Jean-Paul Sartre. Annette Giacometti, l'ange gardienne Annette lui est toute dévouée. Noctambule, grand fumeur, Alberto meurt d'une crise cardiaque à 64 ans, le 11 janvier 1966. Célèbre pour ses formes filiformes en métal de l'après-guerre, auxquelles on réduit trop facilement son oeuvre, il aura été le plus grand sculpteur du siècle. Alberto n'a laissé ni ascendant ni descendant. Ses frères, Diego et Bruno, qui n'ont pas d'enfant non plus, ainsi que Silvio, le fils de sa soeur Ottilia, héritent chacun d'un seizième de l'héritage, Annette du reste et, surtout, d'un très important fonds d'atelier. Titulaire d