Le pique-prune, ce scarabée rare dont la sauvegarde bloque depuis
trois ans la construction de l'autoroute A28, a perdu cet automne l'un de ses plus précieux alliés. Jean-Marie Luce, expert du Muséum national d'histoire naturelle, a été dessaisi sans ménagements du dossier. C'est à son supérieur hiérarchique Patrick Blandin qu'a été confié le soin de rédiger le rapport final sur «les conséquences de la construction de l'autoroute A28 sur les populations sarthoises des espèces de coléoptères protégées par la directive européenne 43/92». Ce changement inquiète vivement les Verts sarthois. Car, le 8 octobre, le nouvel expert a publiquement défendu un point de vue nettement plus nuancé que son prédécesseur. «Les scientifiques considèrent aujourd'hui que la construction de l'A28 ne met pas en danger la vie du pique-prune», titrait le lendemain le Maine-Libre. Une conclusion exactement inverse à celle de Jean-Marie Luce (Libération du 22 janvier).
«Biodiversité». La construction de l'autoroute A28, entre Alençon et Tours, a été décidée en 1993. Sur 8 km, la nouvelle voie doit traverser le massif forestier de Bercé, «un milieu très intéressant en termes de biodiversité», soulignent les écologistes qui militent contre le projet. Christophe Beurois, militant vert sarthois, se souvient de l'entrée en scène du professeur Luce: «Un type se pointe en Mobylette dans une des manifs et nous dit qu'il a trouvé, au sein du massif, une espèce protégée: le pique-prune.» Ce scarabée étant protégé