Précision.
Le titre d'une interview du sociothérapeuthe Charles Rojzman, publiée vendredi dans Libération, laissait entendre que la médiation dans les quartiers est «un cautère sur une jambe de bois». Le praticien défend l'inverse. Pour lui, des médiateurs bien formés participent à la transformation des institutions. L'expression qualifiait seulement les médiateurs lancés dans les quartiers sans aucune formation.
Charles Rojzman, 57 ans, sociothérapeute, dirige l'association Transformation thérapie sociale, qui forme des personnels de services publics amenés à travailler dans les quartiers en difficulté. Egalement directeur de la revue Impatiences démocratiques, il est l'auteur de Savoir vivre ensemble (Syros) ainsi que de la Peur, la haine et la démocratie (Desclée de Brouwer).
Comment expliquez-vous l'invasion des médiations dans tous les champs de notre société?
D'abord par l'inadaptation des institutions. Elles fonctionnent sur un mode dépassé, patriarcal, avec un management qui ne favorise ni l'écoute, ni le conflit. Les systèmes, rigides, descendants, ignorent le besoin des gens de terrain d'être entendus dans leurs propositions, dans leur connaissance du terrain. Ils sentent leurs supérieurs déconnectés. C'est ainsi que les institutions deviennent pathogènes pour les individus qui y travaillent. Elles produisent agressivité, renoncement et paranoïa. Tout cela nourrit en interne une violence qui se retourne ensuite contre le public, surtout lorsque celui-ci est plus faible