Peut-on piétonniser intelligemment la place de la Concorde? Le
ministère de la Culture a eu l'air de l'affirmer jeudi dernier quand Jean Tiberi, maire de Paris, a brandi triomphalement une lettre de Catherine Trautmann où la ministre indiquait que ses services prendraient en charge une «étude historique» du site. Le feu vert de la Culture étant indispensable pour toucher cet ensemble classé jusqu'au dernier pavé, Jean Tiberi semblait avoir marqué un point. Mais le jour même, la Culture a publié une sorte de mise en garde. La lettre de Trautmann à Tiberi «ne constitue pas un soutien à un projet déjà élaboré, mais définit les modalités de travail avec la Ville», a souligné le ministère. Précision utile car le réaménagement de la place en vue de sa piétonnisation à 80%, selon les plans de la mairie, commence à alarmer les architectes.
En témoigne l'article qu'a publié Gwenaëlle Querrien, architecte et rédactrice en chef du Bulletin de l'Institut français d'architecture (1). Sans s'attarder sur la faisabilité du projet côté circulation et embouteillages, elle dissèque les conséquences de ce plan sur le paysage urbain. Et y voit «une catastrophe». «Pas besoin d'avoir fait Polytechnique, écrit-elle, pour imaginer aussitôt le type d'aménagement que cela donnera: on en trouve un exemple réalisé entre le Louvre et le Carrousel. On étrangle la largeur des chaussées pour limiter la vitesse, on rehausse les trottoirs pour empêcher le stationnement sauvage et on installe quelques mètres