Un certain monde des affaires est entré en résistance. A ce jour,
840 juges des tribunaux de commerce (sur 3 200) ont annoncé leur intention de démissionner d'ici le mois de janvier, pour protester contre un projet de loi préparé par la garde des Sceaux - 222 ont déjà franchi le pas. Ces juges consulaires, des commerçants et chefs d'entreprise élus parmi leurs pairs, ne supportent pas la remise en cause de leurs prérogatives: pour remédier aux dérives des tribunaux de commerce, soupçonnés d'être trop souvent juges et parties, Elisabeth Guigou envisage, en effet, de placer les procédures de faillites d'entreprises sous la présidence de magistrats professionnels, les juges élus n'étant plus que des assesseurs. «Juges des chiens écrasés», pestent-ils.
Après le chantage répété à la démission, le milieu consulaire est passé à l'acte, depuis son congrès du 15 octobre à Bordeaux. Au fil de l'eau, 13 tribunaux de commerce (sur un total de 227) ont successivement annoncé leur démission collective, au risque de bloquer les procédures judiciaires. Sous le regard amusé d'Arnaud Loisel, président de la Confédération des entreprises à taille humaine, qui regroupe des victimes des dérives consulaires: «C'est une guerre des communiqués. On annonce la démission de tel ou tel tribunal, comme autrefois on annonçait la prise de telle ou telle ville.» En face, la chancellerie se dit peu impressionnée par cet étalage de démissions: «Elles sont plus vite annoncées que réellement acquises.» A ce jour