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Libération

Corps épars.De plus en plus de familles s'entredéchirent pour la dépouille du défunt.

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publié le 1er novembre 1999 à 1h43

Autrefois, on pouvait se quereller pour savoir si le mort devait ou

non faire un crochet par l'église. Aujourd'hui, on se dispute le corps. A coups de procès. Le 28 mars 1998, un juge a ordonné le partage des cendres d'un homme entre sa fille issue d'un premier lit et la veuve de sa seconde union. Toutes deux réclamaient à leur seul profit la «gestion» du souvenir. Salomon n'aurait pas fait mieux que ce juge parisien: «Alain D. avait fondé deux familles et formulé à la fois la volonté de retrouver ses racines aveyronnaises et le désir de rester proche des membres de son dernier foyer. ["] Ses cendres seront partagées et remises, d'une part à sa fille Sandrine pour être transférées dans le caveau familial, d'autre part à sa veuve pour être conservées dans le lieu qu'elle choisira.»

«Déchirés». Le contentieux funéraire est en pleine expansion. A qui appartient la dépouille? A la concubine qui veut l'incinérer ou aux parents qui réclament un enterrement? A la seconde épouse ou aux enfants du premier lit? Ces querelles de familles en deuil sont «le reflet du contentieux des divisons familiales, des conflits entre les générations et les civilisations», constate le professeur Bernard Beignier, de l'université de Toulouse. La semaine dernière, au crématorium du Père-Lachaise, les employés se sont retrouvés avec une famille juive qui s'opposait à la crémation de son enfant, organisée par la conjointe, non juive. «Les gens sont déchirés et ils se déchirent avant la cérémonie, relate l