Aux frontières des conflits familiaux et culturels, les tribunaux
ont de plus en plus souvent à dire où reposeront les défunts d'origine étrangère. Des Siciliens arguant «du sens de la famille» de leur fils, «de son attachement à ses racines et traditions siciliennes» se sont vu opposer par le tribunal de Saint-Maur-les-Fossés la jurisprudence classique: l'épouse du défunt était mieux placée qu'eux pour décider de le faire incinérer dans le Val-de-Marne (5 décembre 1997). La cour d'appel de Montpellier a refusé qu'une seconde épouse transfère le corps de son mari en terre musulmane, vingt ans après son décès: «Il n'avait pas choisi de faire enterrer ses deux enfants en terre musulmane, il ne peut donc être reproché à la première épouse d'avoir opéré un choix identique.» Et quand la morte est d'origine algérienne et que ses parents sont divorcés, les magistrats peinent à ne pas s'embourber dans les haines vives pour «rechercher la volonté de la défunte». Le 24 juin 1996, la cour d'appel de Paris a accordé en mesure de consolation à la mère le remboursement des frais qu'elle avait engagés pour faire enterrer sa fille en Algérie. Elle expliquait que son mari ne s'était jamais intéressé à son foyer et n'avait jamais rendu visite à sa fille à l'hôpital: «Ma fille voulait se faire inhumer dans le village algérien pour effacer ses années malheureuses passées en région parisienne.» Pour la cour, la jeune femme avait fait la preuve de son attachement au sol français en y donnant naiss