L'affaire était mal partie, mais le jugement est éclatant. La jeune
Tourangelle, poursuivie pour «aide au séjour irrégulier d'un étranger en France», a été relaxée jeudi dernier par le tribunal de grande instance de Tours, et son avocat, Me Christophe Moysan, placé sur écoutes pour avoir fait son travail, a toutes les raisons de se réjouir: «Il n'existe plus aujourd'hui de délit de solidarité.» Seul le parquet, qui voulait faire un exemple, est un peu grognon et a fait appel.
Collectif. A l'automne 1997, Bendehiba Selamnia, un Algérien d'aujourd'hui 39 ans, entend épouser une Algérienne dans la petite commune de La Riche, près de Tours. Elle a deux enfants, lui n'a pas de papiers mais a déposé un dossier pour être régularisé. Le couple vit ensemble depuis plusieurs années, et est épaulé par un collectif de sans-papiers que le maire ne voit pas débarquer sans une légère crispation. Il le connaît, le collectif, et surtout Delphine Bossoreille, une blonde énergique de 27 ans qui lui a jadis donné du fil à retordre. Le maire avait déjà refusé de la marier avec un Algérien dont elle avait un enfant; elle avait fait une retentissante grève de la faim pour que son ami ne soit pas expulsé. La jeune femme avait finalement obtenu gain de cause, et était devenue madame Benama.
Du coup, quand le maire de La Riche voit débarquer Delphine aux côtés de Selamnia, il flaire le mariage blanc, refuse de marier les jeunes gens et alerte le procureur de la République. Le magistrat prend l'affaire