A priori, mieux vaut vivre à l'ombre d'un gros incinérateur
d'ordures ménagères que d'un petit. Après deux ans d'enquête, les vingt experts réunis par quatre associations nationales de santé publique (1) pour évaluer l'impact de l'incinération des déchets domestiques sur la santé ont rendu hier leur rapport (2). Et le bilan se veut plutôt positif, bien que les auteurs formulent leurs commentaires avec une rare prudence: «Considérée globalement et en moyenne, la situation sanitaire résultant des émissions du parc d'incinérateurs actuels est loin d'être alarmante», écrivent-ils. Mais cet optimisme très relatif doit toutefois être tempéré: «Certaines usines d'incinération, souvent mais pas exclusivement de petite capacité, sont encore fortement émettrices de polluants nocifs; les risques que les riverains proches et les milieux plus distants encourent de ce fait peuvent être très élevés.» Mercure et plomb. Aujourd'hui, la France compte 266 usines spécialisées dans le traitement thermique des déchets ménagers. 80% respectent les exigences d'émission fixées par l'arrêté ministériel du 25 janvier 1991, 20% ne les respectent pas. Selon que les gens vivent à proximité de l'un ou l'autre de ces sites, leurs poumons souffriront donc plus ou moins. Sauf en ce qui concerne les émissions de mercure et de plomb, qui seraient dans tous les cas modestes. En ce qui concerne le cadmium, en revanche, «l'exposition au cadmium atmosphérique ne serait pas négligeable dans certaines villes» où le