Cette fois-ci, c'est net: l'opinion se retourne sur la question du
droit de vote des étrangers aux élections locales. Le sondage que réalise chaque année l'institut CSA pour la Lettre de la citoyenneté montre en effet que, désormais, 52% des Français y sont très (15%) ou assez (37%) favorables. La progression sur les dernières années est spectaculaire: en 1996, le bataillon des opposants regroupait 69% des sondés. Mais chaque fois que la question a été reposée, ce chiffre a baissé: 53% en 1997, 51% en 1998, 45% dans cette dernière livraison de 1999. La proportion des «très opposés» à la mesure suit la même pente descendante: 41% en 1996, 31% en 1997, 29% en 1998 et 17% en 1999. Cette décrue ne surprend guère Stéphane Rozès, de CSA. Chaque année, l'institut réalise par ailleurs un sondage très approfondi pour la commission nationale consultative des droits de l'homme. Or, déjà l'an dernier, cette enquête révélait «une décrispation de l'attitude des Français à l'égard de l'immigration». A ce changement, CSA voit deux explications. La reprise de la croissance, d'abord. «L'étranger est moins vécu comme un concurrent direct sur le marché du travail», commente Stéphane Rozès. Le «fondement social» est en effet à la base des comportements de xénophobie, «la question culturelle n'existant qu'en second lieu, comme moyen de rationaliser». Et l'attitude du gouvernement, ensuite, en particulier «sa volonté de retirer l'immigration du clivage identitaire gauche-droite». Ce choix permettra