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Les drogués accusés de tous les maux. A Paris, des riverains font un procès à deux centres d'accueil.

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publié le 6 novembre 1999 à 1h49

Les histoires de drogués résonnent bien dans les prétoires. Le

procès de deux structures d'accueil pour toxicomanes, Charonne et le Sleep'in, situées dans le XVIIIe arrondissement de Paris et accusées de troubles de voisinage avait tout pour devenir symbolique, vendredi, devant la huitième chambre civile de Paris. La salle était pleine ­ voisins plaignants mais aussi soutiens ­, le prétoire bondé ­ sept avocats pour la défense (1) ­, les débats roboratifs ­ quatre heures au total. A la fin, le procureur parla. Son intervention, prévue et souhaitée par les autorités de l'Etat, fut décisive. Il se plaça en pourfendeur des intérêts particuliers représentés par les plaignants, l'association de riverains Olive 18. Il se fit l'ardent défenseur de la politique de réduction des risques. Les travées bruissaient du mécontentement des voisins venus se plaindre des troubles.

A procès emblématique, contre-pieds parfois déroutants. «Je suis voisin de ce quartier, dit le procureur. Je n'y vois pas l'apocalypse décrite par les plaignants.» On y confessa ses expériences. Pour montrer qu'on n'était en sécurité nulle part, un avocat raconta l'agression dont il avait été victime un soir, ailleurs, dans le IXe. Et il conclut par cette pirouette: «Je n'ai pas vérifié si c'était un toxicomane.»

Les plaignants ne remirent pas en cause le fond du travail des associations. L'aide, les soins médicaux, l'échange des seringues pour éviter les contaminations, tout cela semblait allait de soi. «Mon action es