Qui mérite la prison à vie? Enfermés depuis trois semaines dans le tribunal de Troyes transformé en bunker, les neuf jurés de la cour d'assises de l'Aube devaient, la nuit dernière, répondre à 300 questions. Mais surtout à celle-là. Dans cette même enceinte, en 1972, on jugeait Claude Buffet et Roger Bontemps. Ce fut alors le procès de la peine de mort. Aujourd'hui, on y juge les «évadés de Clairvaux». Ce sont les longues peines et la réclusion à perpétuité qui sont en accusation. Autant que les sept hommes alignés dans le box.
«En 1972, j'étais là. Cette affaire a marqué les surveillants, les juges et aussi l'histoire du pays. L'histoire de l'abolition de la peine de mort est passée par ici. De même que l'abolition des longues peines passera par ici. Il y a des moments où la cour d'assises est là pour réveiller une opinion léthargique, et ce moment est venu», a clamé hier aux jurés Me Thierry Lévy, le dernier des avocats de la défense à s'exprimer.
Deux morts. Les sept hommes du box sont des braqueurs, abonnés à la prison depuis de longues années, qui se sont évadés de Clairvaux le 11 septembre 1992. Cette belle tragique a laissé deux cadavres dans la cour d'honneur de la prison. Le surveillant Marc Dormont et le détenu Rémy Morard se sont entre-tués au cours d'un échange de tirs croisés, indique l'enquête. Aucun des sept accusés n'a tué, ni pendant l'évasion, ni au cours de leurs cavales respectives. «Aucun n'a brutalisé, violenté, blessé; le sang n'a jama