Michel Lucas est déçu. Le président de l'ARC (Association de
recherche contre le cancer) le cache à peine: «Nous avons prévu 30 millions de francs sur trois ans pour financer des programmes de recherche sur les cancers professionnels. Or, à présent, nous n'avons pu engager que 5 millions. Bizarrement, le monde de la recherche médicale ne semble pas intéressé. Il ne ressent toujours pas l'urgence de travailler sur cette question.»
Le décalage est saisissant. En présentant hier la nouvelle campagne d'appel aux dons et la priorité nouvelle donnée par l'ARC aux cancers liés à l'activité professionnelle, Michel Lucas et surtout Marcel Royez, secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés, ont en effet dressé un tableau sinistré de la situation française. Non seulement les cancers professionnels ne sont pas déclarés comme tels, donc non indemnisés, mais ils ne sont ni prévenus, ni comptabilisés, ni étudiés en détail. «Qui plus est, insiste Marcel Royez, les données chiffrées les plus récentes datent de 1996.» Inquiétude. En dépit de cette pénurie, les projections actuelles dessinent un grave problème de santé publique. «On estime que les cancers professionnels représentent 5% de l'ensemble des nouveaux cas de cancers, c'est-à-dire 8 000 par an», détaille Marcel Royez. Or, seulement 300 cas environ sont reconnus, et indemnisés comme maladies professionnelles, chaque année. «Sur les 25 000 nouveaux cas annuels de cancers broncho-pulmonaires,