Le prion, cette protéine énigmatique qui serait à l'origine de la
maladie de la vache folle, jouerait au départ un rôle tout à fait bénéfique. Il permettrait aux mammifères de se protéger de l'agression de l'oxygène, indispensable aux organismes vivants mais qui, sous une forme particulière baptisée superoxyde, devient dangereux. Telle est la découverte paradoxale que déclare avoir faite le biochimiste David Brown, de l'université de Cambridge, révélée vendredi par le quotidien britannique The Independent, l'article soutenant cette thèse demeurant sous embargo jusqu'au 15 novembre, où il sera publié dans la revue Biochemical Journal.
Si la découverte est avérée, elle permettrait enfin de comprendre pourquoi les prions sont là chez tous les mammifères, un mystère qui dure depuis une trentaine d'années. Selon un résumé de David Brown et de Boon-Seng Wong (institut de virologie d'Oxford), ces travaux suggèrent que le prion «a un rôle direct dans la résistance des cellules au stress oxydant». Cette protéine serait capable de combattre un effet dommageable particulier de l'oxygène, qui, bien que vital, se transforme en partie dans l'organisme en un superoxyde agressif, «de l'oxygène avec un électron supplémentaire», a expliqué David Brown. Quand il s'échappe, l'électron a des effets destructeurs sur les cellules. Les prions seraient là pour le capturer et minimiser ses effets néfastes, en particulier dans les synapses, ces carrefours des neurones, connexions fondamentales du systèm