A en croire son éditeur, Nicolas Revol méritait d'entrer dans
l'histoire comme le premier professeur à avoir osé «briser la loi du silence» sur ce qui se passe vraiment dans certaines salles de classe. Son journal de bord, publié en septembre chez Fixot sous le titre Sale prof!, est un hallucinant voyage dans l'enfer méconnu d'un lycée professionnel de la banlieue parisienne. Après deux mois de silence, plusieurs enseignants de l'établissement concerné contestent ce récit. De leurs «mises au point» recueillies par Libération, il ressort que le best-seller de Revol (le livre s'est vendu à 30 000 exemplaires) renseigne moins sur la misère de l'enseignement professionnel que sur l'histoire douloureuse d'un échec personnel. Comme beaucoup de ses jeunes collègues affectés contre leur gré dans des établissements sensibles, Nicolas Revol a vécu le face-à-face avec les ados de banlieue comme un insurmontable choc culturel.
Héros de cette rentrée scolaire, Revol s'est expliqué en septembre dans tous les médias du pays. Il a été invité à débattre avec Claude Allègre, qui n'a pas caché son intérêt pour ce témoignage. Si son récit a pris la dimension d'un réquisitoire accablant pour l'ensemble du système éducatif, c'est qu'il tombait à pic pour ceux qui dénoncent les démissions de l'école et l'avachissement de ses exigences. Nicolas Revol décrit un lycée Eugène-Sue de Saint-Remy-sur-Seine (il s'agit en fait du lycée professionnel Louis-Blériot de Trappes), peuplé d'adolescents analphabèt