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Libération

Carnets de justice.«Mais qu'est-ce qu'il a? Il n'a pas l'air bien du tout!».

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publié le 15 novembre 1999 à 1h56

Tribunal correctionnel de Créteil,

Dans le box, Mohamed pleure. Il est détenu provisoire à Fresnes dans une affaire de stupéfiants, et comparaît pour avoir, la veille, frappé deux surveillants dans la cour de promenade. Le président lit la procédure: «Il en est résulté zéro jour d'incapacité pour l'un des gardiens et une journée pour le second. Je remarque que cette affaire n'est pas en état d'être jugée aujourd'hui, puisqu'il manque le casier judiciaire du prévenu, mais qu'elle a été renvoyée devant le tribunal avec une remarquable vélocité.» Et il fronce les yeux devant Mohamed qui sanglote. «Je suis victime, je devrais être à leur place, ils m'ont mis des coups de pompes et puis j'ai jamais fait de trafic de ma vie, je suis innocent!» Le juge crie lui aussi: «Mais qu'est-ce qu'il a? Il n'a pas l'air bien du tout! On lui donne des drogues ou quoi?» L'avocat intervient: «Il suit un traitement psychiatrique.» Le juge referme le dossier d'un coup sec. «Ça ne va pas du tout. On va demander une expertise et je la veux rapidement.» Mohamed reviendra dans un mois et repart en pleurant. Stéphane entre et, sur les bancs du public, Valérie regarde droit devant elle. Son oeil droit est poché. «Approchez-vous madame», lui dit l'huissier, et elle fait non de la main. «Bon, ce n'est pas grave», comprend le juge. Au bout de quatre mois de liaison, Valérie a rompu et, un soir, Stéphane a frappé à sa porte, il voulait discuter. «Il lui a demandé si elle côtoyait quelqu'un, lit le présiden