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Libération

Après les pluies restent les pleurs. Tournissan: 220 habitants, 90 sinistrés, une désolation.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Tournissan (Aude), envoyé spécial.

A Tournissan, on a perdu Plume. Un «hippie», dit l'adjoint au maire. Un type qui traînait dans ce coin des Hautes Corbières, sous un chapeau avec une plume dessus. Dans la nuit de vendredi à samedi, Plume s'est présenté avec sa voiture devant un des deux ponts de la communes. A ce moment, le ruisseau de la Plaine, celui dont on a oublié le nom au village tant il coule doucement («on a mis quatre cols verts dessus pour faire joli, mais l'été, ils ont à peine de quoi patauger», raconte Marie-Claude, l'assureuse de Groupama) était déjà devenu un fleuve. Et Marie-Claude, justement, était derrière sa vitre, elle a vu la voiture approcher du pont, elle a crié «ils sont fous», elle s'est dit «c'est pas vrai». C'était vrai. On a retrouvé la voiture, marche arrière enclenchée, pas Plume.

Donc, Tournissan a perdu Plume, mais comme on ne le considérait pas vraiment d'ici, ce «marginal», tout le monde dit: «Heureusement qu'on est tous vivants», juste deux personnes à l'hôpital. Pour le reste, les deux ponts, la voirie, le téléphone, l'eau, l'électricité, tout est cassé, plus certaines maisons. «Pendant deux jours, sans télé, sans téléphone, on a cru qu'on était les seuls, qu'on nous avait jeté un sort. dit Marie-Claude. On se disait: "est-ce qu'on parle de nous?, "est-ce qu'on sait qu'on est là?» Heureusement, il y avait les pompiers, la sécurité civile, les gyrophares, ça rassurait.

Tous au foyer. Depuis lundi, ça va un peu mieux, et, dans le foyer du v