Agressifs, mordants, Jean-René Farthouat et François Tosi, les
avocats de Roland Dumas, n'ont jamais pris de gants vis-à-vis des deux juges d'instruction, Laurence Vichnievsky et Eva Joly. Un style conservé jusqu'au bout, y compris dans la demande de non-lieu soumise lundi aux deux magistrates en faveur du président (en congé) du Conseil constitutionnel, alors qu'elles ont signifié la fin de l'instruction. Roland Dumas se voit reprocher d'avoir usé de son influence pour faire embaucher son amie Christine Deviers-Joncour par Elf-Aquitaine International, puis d'avoir profité indirectement du train de vie fastueux dont elle a bénéficié quelques années durant. Entre les salaires, l'usage de cartes bancaires au détriment d'Elf, l'achat d'un appartement rue de Lille et le versement de commissions, les juges ont retrouvé la trace de 66 millions de francs débloqués par Elf-Aquitaine pour Christine Deviers-Joncour. Une paire de chaussures Berlutti à 11 000 F, des notes de restaurant, le soupçon d'avoir prêté concours et assistance à ces détournements, et le recel de 8 millions de francs: telles sont les charges qui pèsent sur l'ancien ministre des Affaires étrangères. Il faut y ajouter un délicat cadeau, des statuettes hellénistiques offertes par Christine à Roland, mais ce don fait l'objet d'une instruction séparée.
Dans leur demande de non-lieu, les deux avocats stigmatisent le «caractère désordonné et sans doute volontairement désordonné de la procédure» poursuivie: le fait que le