Amiens, correspondance.
«J'avais un prénom pour une fille, pas pour un garçon, c'est la femme de mon amant, le père du bébé, qui a trouvé Brandon.» Véronique Ourdouillie, 37 ans, a comparu hier devant les assises de la Somme à Amiens, accusée d'avoir laissé mourir son septième enfant, Brandon, décédé à neuf mois par défaut de soins. «Une grande dénutrition par carence alimentaire est responsable de la mort qui survient par épuisement», note le médecin légiste. Le bébé pesait 3,5 kg. Véronique avait fait l'objet d'un signalement aux services sociaux sollicités avant les faits, mais pour un simple problème d'hygiène et un défaut de vaccination. «Ce qui nous a trompé, admet un responsable éducateur, c'est que son logement était vraiment bien tenu, ses enfants bien éduqués, je dirais même dans la moyenne haute du quartier.» Mais Véronique dissimule son petit dernier, prétextant son placement provisoire dans la famille ou chez des amis. Jusqu'au jour, 21 janvier 1998, où elle alerte tous ses voisins: «Mon bébé est tout mou.» Devant les neufs jurés, Véronique pleurniche mais explique sa petite vie dans une tour d'une cité perdue aux confins d'Amiens. Debout, les mains crispées sur les cuisses, personnage de craie, jouant tantôt les Jeanne-au- bûcher tantôt la libellule de la zone, expliquant que bien entendu elle n'avait pas manqué le mariage de son amant, le père de Brandon, trois mois après la naissance du bébé: «C'est vrai, je lui en ai voulu quand même un peu, mais pas à celle