Ce matin, Alina et sept autres enfants tsiganes de Roumanie vont
faire leur rentrée scolaire à Fontenay-sous-Bois. L'an dernier, cette petite fille de 9 ans a fréquenté pendant quelques mois l'école Emile-Zola à Saint-Ouen. Elle «connaît l'alphabet» qu'elle récite sans accroc. Elle aime aussi montrer qu'elle sait écrire: elle commence par son prénom, puis couche sur un cahier une série de mots qu'elle a «appris avec monsieur Kassardjan», son ancien instituteur.
Mais, cet été, sa famille a été expulsée de l'immeuble qu'elle occupait à Saint-Ouen. Fini la classe. Septembre est passé sans rentrée scolaire. Les parents ont bourlingué d'abris de fortune en refuges temporaires. Depuis le 5 novembre, ils squattent avec d'autres familles roumaines l'ancien internat du lycée Maurice-Ravel à Fontenay-sous-Bois: 44 personnes vivent dans ce bâtiment désaffecté voilà une dizaine d'années. Un comité de soutien s'est formé autour de ces familles pour leur apporter au départ une aide matérielle. Mais très vite la question de la scolarisation a été posée avec insistance auprès de la municipalité soupçonnée de faire traîner l'inscription des enfants.
Tout est parti d'une lettre adressée le 10 novembre par le maire Louis Bayeurte (PC) à l'inspecteur d'académie de Créteil. Il lui demande de nommer un maître qui irait enseigner aux enfants «sur place» dans leur squat pendant la «durée du séjour» des familles dans sa ville. Une requête jugée «atypique» au ministère de l'Education national