Quand Mika a présenté les deux Africains de belle prestance à ses
copains de la communauté yougoslave de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), beaucoup se sont remis à croire au Père Noël. C'était au début du mois de septembre 1998. «Ça avait l'air magique», dit aujourd'hui Dule, qui comparaît détenu devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour séquestration et violence avec arme, en même temps que trois de ses amis et deux Camerounais. La «démonstration» dont parle Dule, 29 ans, né à Paris de parents yougoslaves, avait de quoi faire rêver. «Ils ont mis de l'eau dans un récipient avec une poudre. Je leur ai donné un billet de 500 francs. Ils l'ont trempé, et il est devenu tout noir. Alors ils ont trempé deux feuilles de papier blanc dans le produit, puis ils ont mis le tout dans une enveloppe. Après dix minutes, ils ont ouvert l'enveloppe. Tout était noir. Ils ont nettoyé les trois morceaux de papier: c'étaient trois billets de 500 francs, parfaits.»
Emprunt à Cetelem. Pendant trois jours, le clan est en émoi. On racle ses économies, on vide les comptes en banque. Dule emprunte 80 000 francs à Cetelem. Le 17 septembre, deux chambres sont louées à l'hôtel l'Etape. Dans l'une, Dule attend, avec 185 000 francs en poche. En billets de 500 francs. Dans la chambre voisine, les «chimistes» et deux autres Yougoslaves. Les Africains râlent un peu: «Les produits coûtent cher, on ne travaille pas en dessous de 300 000 francs.» Finalement, la «manipulation» est effectuée. Mais il n'ap