Ampuis, envoyé spécial.
A30 kilomètres de Lyon, dans la vallée du Rhône, un vignoble rôtit sur des coteaux abrupts où la vigne s'accroche à des terrasses vertigineuses, exposées au soleil. De longs échalas servent de tuteur à la syrah, un cépage masochiste que les terres trop fertiles rendent inexpressif. Ici, ses racines fouillent l'oxyde de fer et la silice, le calcaire et le schiste. Le vent, qui s'engouffre dans le couloir rhodanien, sèche le raisin, protège de la pourriture. Le Rhône, au pied des coteaux, lui offre une double exposition, et de précieux degrés. Tous ces ingrédients peuvent donner de très grands vins, puissants et veloutés, aux arômes de fruits rouges, de gibier, d'olive et de garrigue.
Un terroir idéal, mais dur à travailler. Si dur que les vignerons avaient fini par se lasser des pentes à 60°. En 1950, le vin ne valait plus rien. Une poignée de fous s'est pourtant acharnée à lui redonner vie. Belle aventure, âpre et gourmande, qui se déguste en trois actes: naissance, déclin, puis renaissance des côtes-rôties.
L'aventure commence avec les Romains, installés dans la vallée du Rhône. Ils repèrent dans la région de Vienne des coteaux abrupts et très bien exposés. Pour occuper les soldats, on leur fait construire des terrasses retenues par des murets de pierres. Puis on domestique la syrah, un cépage local alors sauvage, que l'on a longtemps cru venu d'Asie mineure. Le vin abreuve d'abord les habitants, puis il commence à voyager et se bâtit une réputation