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Libération
Reportage

Les pompiers rêvent d'un meilleur métier. Chez les professionnels, le ras-le-bol et la rancoeur éclatent.

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publié le 30 novembre 1999 à 1h28

Rhône, Saône-et-Loire, envoyé spécial.

L'attente de la sirène. Il est 18 heures. Elle a sonné trois fois ces deux dernières heures. Et quand elle hurle encore, pour un accident de moto sur la nationale 6, quatre hommes se précipitent. Le camion s'en va et Jérôme est inquiet (1). Ce sergent-chef est chargé de la coordination des secours ce soir-là, à la 5e compagnie du grand Lyon, celle de Saint-Priest. C'est lui qui déclenche la sirène tueuse de tympans. «A la prochaine alerte, on est à poil.» A poil? «On n'est plus que trois, pas assez nombreux pour une intervention correcte. On devrait être quatre à chaque sortie. Question de sécurité, pour nous et pour les gens qui nous sollicitent.»

Polyvalence. Jérôme est inscrit à la CGT et a fait grève pour plus d'embauches, «entre autres». Car, au-delà du manque d'effectifs, lui et les milliers de sapeurs-pompiers français en grève administrative (2) dénoncent les contradictions liées au curieux statut de la profession: 27 000 professionnels parmi 200 000 volontaires amateurs; des civils hiérarchisés comme des militaires; des «soldats du feu» appelés de plus en plus à d'autres missions que la lutte contre les incendies. Mais ce soir-là, le manque de sapeurs taraude Jérôme. «Cinq ans que les gars qui partent à la retraite ne sont pas remplacés. Il y a des jeunes qui ont réussi leur diplôme professionnel et qui n'ont pas de boulot depuis deux ans.» Un appel, encore. C'est le 18, centralisé à Lyon. Un accident de la route a été signalé s