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Libération

Une écologiste piégée par sa fougue militante. Danielle Poliautre est poursuivie en diffamation par Metaleurop.

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publié le 30 novembre 1999 à 1h28

Lille, correspondance.

C'était un passage malheureux dans Bouffée d'air, le journal de l'association Environnement et Développement alternatif. Quelques lignes signées de sa présidente, la militante écologiste Danielle Poliautre: «Depuis 1982, ceux qui décident, cherchent ou soignent, savent que le plomb et le cadmium dégagés depuis un siècle par l'usine nuisent à la santé de l'homme et à son développement. C'est démontré, connu, mais il ne se passe presque rien" La direction de l'usine pendant quinze ans a gagné du temps et perdu une vingtaine d'ouvriers, tués par le zinc.»

L'usine en question, c'est celle de Metaleurop, premier producteur de plomb en Europe, qui emploie 950 personnes à Noyelles-Godault, près de Douai. Danielle Poliautre faisait ici allusion à l'explosion d'une colonne de zinc, qui fit douze morts en 1993. Ce n'est pas une pollution au zinc qui a tué, mais l'explosion. Et c'est sur cette approximation sémantique que la direction de l'usine veut l'épingler en la poursuivant en diffamation.

Amalgame. «Madame Poliautre est très militante, très active, et nous n'avons jamais entravé ses actions, mais cette fois, elle a dépassé les bornes. Elle fait un amalgame entre le thème de la pollution et un accident industriel imprévisible. Cet accident est un drame humain abominable, elle ne peut pas s'en servir pour défendre sa cause écologiste. L'amalgame est une technique dialectique bien connue, mais là, c'est aller trop loin», rétorque Laure Fournier, directrice de la