Doit-on abaisser la majorité civique à 12 ans? Soulevée ce week-end
à Montpellier, lors de l'avant-dernier des quinze forums organisés par la mission 2000 chargée par le gouvernement d'orchestrer les manifestations pour le passage au troisième millénaire, la question peut paraître provocatrice. Elle prend tout son sens si l'on regarde le tableau saisissant dessiné par les démographes, sociologues, historiens, anthropologues et médecins réunis par le philosophe Yves Michaud, professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne et membre de la mission 2000.
La baisse de la fécondité et l'allongement de la durée de la vie, conjugués à une entrée dans la vie active de plus en plus tardive, l'alternance de périodes d'activité et de chômage, une sortie précoce de la vie professionnelle et une recomposition des familles ont fait volé en éclats le découpage rassurant des âges. Celui-là même qui a servi de repère aux sociétés occidentales enfance, adolescence, maturité, vieillesse. Entre des enfants qui n'en sont plus, des jeunes qui s'installent dans l'adolescence, des vieux qui restent jeunes, l'âge de la maturité se retrouve pris en sandwich, et remet en cause son modèle, une famille et un emploi stable. Introuvables, les âges et leurs fonctions démocratique, économique, sociale et culturelle sont à réinventer. Nombre d'interventions au cours du colloque illustrent ces bouleversements. «Nous sortons d'une société adulto-centriste et masculine où l'âge adulte servait d'étalon au