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Libération

«On allait aux toilettes avec un parapluie». La misère des foyers de migrants est apparue criante au procès de Cambadélis.

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publié le 4 décembre 1999 à 2h10

Pour une fois, les vieux murs du palais de justice de Paris n'ont

pas donné la nausée à Mountaga Bathilly. Pour une fois, il a eu l'impression d'un soulagement. Malien, âgé de 44 ans, Mountaga, géant de presque 2 mètres, est une sorte de «sage» au foyer de travailleurs migrants du boulevard Masséna, dans le XIIIe arrondissement, un homme qui veille depuis près de dix ans à ce que la lutte pour un logement digne soit organisée. Dans le calme. Le respect. Qui espérait depuis longtemps qu'un tribunal veuille bien entendre sa parole. Ou plutôt, à travers lui, leur parole. Celle des 240 résidents de son foyer. En 1995, accablé, il faisait visiter les lieux délabrés. Vendredi, reconnu enfin, l'espace d'une audience, comme victime d'Yves Laisné, le gestionnaire de vingt-sept foyers regroupés au sein de l'AFRP (l'Association des foyers de la région parisienne), Mountaga Bathilly s'est levé. Trois pages manuscrites en main, pour rappeler à la 11e chambre correctionnelle ces «ascenseurs sans entretien, ces fenêtres plombées pour éviter leur ouverture, ces chambres tellement dégradées que n'importe quel visiteur était outré». Pour dénoncer «ces autorités locales informées mais qui n'ont pas jugé utile d'intervenir». «Nous avons écrit au procureur de la République. Mais Yves Laisné se servait de tous les clichés pour justifier son mépris et son indifférence: il évoquait des travailleurs clandestins, des trafics en tout genre, l'abattage de moutons.»

Lettre morte. Plaintes pénales, plainte