Menu
Libération

L'ETA menace le gouvernement français. Le ton monte, trois jours après la fin de la trêve.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 décembre 1999 à 2h08

L'homme ne se lève pas. A demi caché par la vitre de protection,

penché sur le micro, il lit. «Jusqu'à présent, nous vous considérions dans votre rôle répressif comme de simples collaborateurs de la politique du gouvernement espagnol.» Son français est hésitant. Face à lui, les juges du tribunal correctionnel de Paris. «Quatorze mois après le cessez-le-feu d'ETA, tout ce que vous avez fait, vous Français, c'est d'augmenter la répression. Aujourd'hui, au même titre que le gouvernement espagnol, nous vous considérons comme les ennemis du peuple basque.»

La semaine dernière, ce même tribunal avait été conspué par d'autres prévenus nationalistes et la salle évacuée. Cette fois, rien de tout cela. Une gravité tranquille qui fait que la déclaration du prisonnier retient toute l'attention. C'est en ambulance que Joserxo Arizkuren Ruiz a été transporté de sa cellule de Fleury-Mérogis au Palais de justice. Comme dix-neuf autres détenus basques, emprisonnés en France et en Espagne, «Kantauri» est en grève de la faim depuis 37 jours. Quand il parle, même en son nom, revêtu d'un tee-shirt frappé du symbole d'ETA, le serpent enroulé autour de la hache, ce n'est pas en simple membre de l'organisation clandestine. Arrêté à Paris le 9 mars, il était alors responsable de l'appareil militaire d'ETA. C'est lui que le mouvement armé a désigné le 24 octobre pour ouvrir des négociations avec Madrid. Déjà, le 25 octobre, sottise politique ou prise de risque calculé, Belen Penalva était interpellée