«Monsieur le conseiller d'Etat, calmez-vous et répondez.» François
Froment-Meurice se calme. Mais il faut le comprendre: ce fidèle de Pierre Méhaignerie a entièrement mis en place le système de la caisse noire du CDS, transporté les valises de billets; tout avoué et tout assumé. Il paiera, mais ne supporte pas qu'on le prenne pour autre chose qu'un moine-soldat du financement politique occulte. Devant la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, où sont jugés les dirigeants historiques du CDS, François Froment-Meurice raconte l'ordinaire des valeureux collecteurs de fonds.
«En 1986, lors de la constitution du gouvernement (Chirac), les milieux financiers ont enfin découvert que le CDS pouvait exercer des responsabilités. Dès lors, les entreprises ont trouvé anormal qu'il ne figure pas sur la liste des partis qu'elles soutiennent pour des raisons diverses et variées.» D'où la création de Stratégies et Méthodes (SEM), qui facture au prix fort des rapports qui ne sont que des compilations sans valeur: «Les entreprises ne souhaitent pas faire de dons directs, sinon on saurait qu'elles donnent à tout le monde.» De retour dans l'opposition en 1988, il jure que la source s'est tarie. «Nous avons consommé la cagnotte, le système s'est arrêté.» Entre-temps, la loi sur le financement des partis politiques, précédée d'une amnistie, a mis fin aux pratiques les plus voyantes. Le CDS a fermé son compte en Suisse. Et Froment-Meurice, tout comme Barrot, Méhaignerie et Bosson, n'aurait