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Libération

Sale temps pour les gays au Mont-Saint-Michel. Harcelé par ses collègues, un guide homosexuel et séropositif a porté plainte.

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publié le 10 décembre 1999 à 2h04

Mont-Saint-Michel, envoyé spécial.

Depuis plusieurs mois, un sale climat règne derrière les murs épais de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Une ambiance à couteaux tirés alimentée par les tracasseries et l'hostilité quotidiennes dont est victime un guide de 36 ans qui a pour principal tort d'être séropositif et homosexuel. Dès son arrivée à l'abbaye, en février 1998, Jean-Marc Cobac a senti le malaise.

«Au début, tout se passait dans mon dos, raconte-t-il. Mais je me suis vite rendu compte que tout le monde était au courant de ma séropositivité, et certains collègues m'ont parlé des insultes dont je faisais l'objet.» Certains guides de l'abbaye, notamment deux d'entre eux, ne supportent pas le nouveau venu et ne se privent pas de le faire savoir. L'un d'eux refuse d'utiliser les mêmes toilettes que lui ­ systématiquement désigné comme «le pédé» ­ parce qu'«il a le sida». «Ce n'est pas moi qui vais le plaindre, il peut crever», entend un jour un collègue de Jean-Marc Cobac.

Arrêts de travail. «Je me suis fait injurier, traiter de "grosse salope devant les visiteurs, poursuit-il. Jour après jour, ils m'ont cherché des ennuis, refusant d'entrer dans l'église sous prétexte que je m'y trouvais, m'accusant de les bloquer en passant trop de temps dans la nef avec un groupe ou annulant leurs visites quand j'étais à l'accueil et devais faire face aux visiteurs.»

Ce n'est pas tout. Jean-Marc Cobac se voit affligé de plannings pénibles. «J'ai demandé plusieurs fois à l'administrateur d'inter