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Libération

Douze ans pour l'îlotier à la gâchette facile. En 1997, Jean Carvalho avait tué en plein commissariat Fabrice Fernandez.

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publié le 11 décembre 1999 à 2h03

Lyon, envoyé spécial.

L'îlotier Jean Carvalho a beau bredouiller, répéter: «Ça se mélange dans ma tête», dire qu'il voulait juste faire comprendre mais «surtout pas faire de mal», il y a deux faits imparables. Deux faits qui ont conduit la chambre d'accusation de Lyon à le renvoyer devant les assises, où il comparaissait depuis mercredi, non pas, comme le demandait le parquet, pour «violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner», mais tout simplement pour «homicide volontaire». Meurtre, en langage courant.

Menottes dans le dos. Deux faits, donc. Le premier, c'est ce fusil à pompe que le policier tient braqué à vingt centimètres du visage d'un homme assis sur une chaise, menottes dans le dos, dans le commissariat du 9e arrondissement de Lyon. Le second, c'est qu'il est impossible, selon les experts en balistique, qu'un coup parte si l'on n'appuie pas, avec une pression de 3,9 kilos, sur la détente de l'arme. Il est 21 h 36. Fabrice Fernandez, 24 ans, vient de mourir après avoir reçu dans la tête une décharge de calibre 12. Le policier est alors sorti de la pièce, a allumé une cigarette, a confié l'arme à un collègue avec ce commentaire: «Fais attention, elle est sensible, le coup est parti tout de suite.» Il s'est éloigné, a sorti un canif de sa poche. Des policiers se sont approchés pour saisir le couteau, «de peur qu'il n'attente à sa vie». Fausse frayeur, Jean Carvalho se curait les ongles.

Ainsi racontée, la scène est accablante. Mais