Le Mans, envoyée spéciale.
Ce fut un procès tronqué. Vendredi après-midi, devant le tribunal correctionnel du Mans (Sarthe), dix jeunes gens d'origine africaine poursuivaient pour «discrimination raciale» le patron et le portier d'un bar de nuit délit passible de deux ans de prison et 200 000 francs d'amende. Déjà irritées par l'attente (les faits remontent à mai 1997) et un renvoi en octobre, la cinquantaine de personnes qui patientaient dans le hall du palais de justice apprirent l'absence du principal prévenu. Le fameux portier, celui qui refoulait les noirs et les maghrébins au motif que «le quota était atteint». On craignit alors un nouveau report, et public, avocats et représentants d'associations (dont SOS-Racisme, qui se portait partie civile) d'hésiter entre colère et abattement. Mais finalement, l'audience débuta au début de la nuit.
Les dix plaignants présentent bien, surtout Mamadi Sangaré, 24 ans, à l'origine de la plainte. Animateur social, il parle d'une voix calme, de lui et de ses amis, «lycéens ou étudiants». Peinards, casaniers, travailleurs, la crème de la seconde génération d'immigrés. Tous essayèrent, à des moments différents, seuls ou en groupe, d'aller boire un verre au Portland. Ce bar de nuit, situé en centre-ville dans le quartier branché du «triangle d'or», avait bonne cote. De l'espace, de la bonne musique, et un portier à l'entrée. Abdallah Ben Salam. Qui les refoule à chaque fois sans raison.
«Quota». Un soir, Mamadi alerte des copains du quotid