Tribunal correctionnel de Beauvais (Oise),

Le juge entre, dans la salle tout le monde reste assis. «Habituellement on se lève quand le tribunal arrive», regrette-t-il. Marc-Antoine est à la barre. Il a insulté les policiers qui verbalisaient sa Golf. «Nique ta race, bande de bâtards», lit le président. Des bancs du public, montent les rires d'une classe de gamins qui assistent à l'audience. Le juge frappe sur son bureau: «Silence, je vous prie!» Deux mois de suspension du permis de conduire pour Marc-Antoine et 2 500 F de dommages et intérêts aux policiers. Sonia, 27 ans, se ronge les ongles en attendant son tour puis marche vers le juge, tête basse. Sur la route, elle a refusé la priorité à Fabrice, gravement blessé dans l'accident. Elle se rendait à la crèche chercher sa fille. «Vous souvenez-vous comment ça s'est passé?», demande le juge. On l'entend à peine: «J'avais bu.» «J'allais y venir, on a relevé 2,45 grammes d'alcool par litre dans votre sang. C'est énorme, madame, proche du coma», dit le magistrat. «Juste une bière et un gin», souffle Sonia. Le juge ne la croit pas: «C'est totalement incompatible avec le taux relevé. Alors?» Elle remue sa tête blonde, prend une voix d'enfant: «Je suis désolée.» La procureur la fixe: «Il y a un vrai problème d'alcool dans votre vie.» Sonia fait oui. «Il y a 9 000 morts par an sur les routes, dont 40% dus à l'alcool. Le coût de l'insécurité routière est de 120 milliards de francs par an et, avec cet argent, un pays pourrait faire