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Libération
Au moment de la catastrophe

«Ce matin déjà, on voyait des goélands mazoutés».

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26 décembre. (REUTERS)
publié le 15 décembre 1999 à 1h59
(mis à jour le 15 décembre 1999 à 1h59)

Le Guilvinec, Concarneau, Lorient, envoyée spéciale.

«La nappe est avec nous à 47°03' N, 03°32' W.» Le message est tombé hier en début d'après-midi au groupement de pêche artisanale de Lorient (Morbihan), semant la consternation. «On ne pensait pas que ça nous toucherait.» Sur la carte, la position indiquée se trouve au sud de Belle-Ile, une zone de pêche un peu lointaine mais malgré tout fréquentée pour les pêcheurs lorientais.

«Ce matin déjà, on voyait des goélands et des fous de Bassan mazoutés, raconte Dany, un patron-pêcheur interrogé par Libération via satellite. Vers midi, on a vu la nappe, marron et noire par endroits. Elle semble importante et se dirige vers l'est (vers la côte vendéenne, ndlr). J'ai mis la barre, on n'allait pas s'éterniser dans le secteur.» Et d'ajouter: «Cette nuit, on n'aura que l'odeur pour nous indiquer qu'elle se trouve à proximité.» Au Guilvinec, l'un des lieux les plus proches du site du naufrage de l'Erika, les rumeurs enflent à mesure que les informations d'abord rassurantes des autorités maritimes se font plus alarmantes. «Une dame a dit qu'elle avait vu le bateau de chez elle, assure un retraité. Si c'est vrai, ça veut dire qu'il était beaucoup plus proche de la côte et qu'on ne l'a pas dit pour ne pas affoler les populations.» Ici, on avait vu avec soulagement la première nappe de pétrole s'en aller vers l'est.

Saison des huîtres. Mais l'inquiétude grandit. Car les deux parties du bateau échoué risquent de