C'est un étroit palier d'ascenseur, au 6e étage de l'Hôtel-Dieu,
hôpital parisien de l'Assistance publique. A droite, une petite porte blindée percée d'une meurtrière aveugle. Et devant, ils sont cinq, qui n'ont rien à faire là. Jakes Abeberry, tout d'abord, adjoint au maire de Biarritz. Monseigneur Jacques Gaillot ensuite. Il y a aussi Jon, avocat basque, Nikolas, des «comités de soutien aux prisonniers», et enfin un «simple lambda», comme il dit. Derrière la porte, la salle Cusco, une annexe hôpital du dépôt de la préfecture de police. Dans un lit, Josetxu Arizkuren-Ruiz, ancien chef militaire d'ETA, arrêté en France au mois de mars dernier. Assise sur le lit pour une heure de visite, Txaro, sa soeur.
«Méchants». Arrive sur le palier un capitaine de police. «Vous venez pour le Basque, c'est ça?» Forçant la décontraction. «Ouh là là, on a eu de tout ici. Des Corses, des Bretons, des méchants, des gens qui ont tué père et mère.» Pensif, il jette un nouveau regard. «Et vous alors, c'est pour le Basque.» Cela faisait 45 jours, hier, que «Kantauri», désigné par ETA pour négocier avec Madrid, est en grève de la faim. Avec lui, 19 autres jeûneurs, détenus en France et en Espagne, réclament le regroupement de tous les nationalistes incarcérés. Il y a quelques minutes, deux policiers en civils sont venus évaluer la situation. Crachouillis de talkie-walkie. «Oui, cinq personnes dont monseigneur Gaillot.» Puis deux représentants élégants du ministère de l'Intérieur. «Monseigneur», la