Quand les policiers ont débarqué chez lui, hier au petit matin,
Hervé Le Bec n'a pas dû être bien surpris. Contacté la veille par Libération, le secrétaire national du mouvement indépendantiste breton Emgann («combat») ne se faisait pas d'illusions. Mardi soir, déjà, plusieurs de ses amis avaient été interpellés par la Direction nationale antiterroriste (DNAT) et la police judiciaire de Rennes (Ille-et-Vilaine). Et mercredi, rebelote. Au total: onze militants d'Emgann, dont six du bureau national, ont été emmenés dans différents commissariats bretons (cinq ont été relâchés depuis).
Alors Hervé Le Bec (une oreille sur la radio en langue bretonne dans laquelle il travaille, une autre sur son portable) se demandait bien quand son tour viendrait. Car, côté policiers, l'ambiance est plutôt à l'exaltation. Pour eux, le coup de filet de cette semaine sonne comme une victoire: «un coup dur pour l'Armée révolutionnaire bretonne» (ARB), selon un enquêteur. Car, pour les différents services de police chargés de l'affaire (DNAT, PJ et RG), le doute ne serait pas de mise: Emgann et ARB, même combat. Et l'ARB, c'est une bonne dizaine d'attentats commis et revendiqués en un an, dont celui contre la mairie de Belfort, fief de Jean-Pierre Chevènement (30 octobre 1998), ou contre celle de Cintegabelle (Haute-Garonne, 25 juin 1998), chère à Lionel Jospin. Et l'ARB, c'est encore le mouvement breton, ancré à gauche de la gauche, soupçonné d'avoir apporté la logistique à ses frères d'armes basques