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Libération

Lâtif, né en France et paria en son pays. Depuis 1975, il cumule les arrêtés d'expulsion.

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publié le 17 décembre 1999 à 2h25

Marseille, de notre correspondant.

En un quart de siècle, S.B., dit Lâtif, 43 ans, n'aura connu qu'un triste destin: être étranger dans son pays, la France. Ce vendredi, il doit sortir du centre de détention de Salon-de-Provence, où il purgeait une peine de quatre ans de prison pour trafic de stupéfiants, et sa famille craint de le voir expulsé, pour la huitième fois selon l'association d'entraide la Cimade (la treizième, selon ses proches).

Troubles graves. Dans un arrêté du 1er avril 1999, le ministère de l'Intérieur considère en effet que «l'expulsion de cet étranger constitue une nécessité impérieuse pour la sécurité publique». Pourtant, selon un certificat médical, Lâtif «présente des troubles graves de la personnalité, de la série psychotique, qui sont incompatibles avec un retour dans son pays d'origine». Il a aussi perdu l'usage de son bras gauche après une rixe. Sans donner d'informations sur son sort, la préfecture des Bouches-du-Rhône affirme qu'elle appliquera la loi «avec bon sens et humanité».

Le terme «retour dans son pays d'origine» du certificat médical est erroné, car Lâtif est né à Marseille, en 1956. Français, donc. En 1962, à l'indépendance de l'Algérie, il devient algérien, à 6 ans. Sa vie «n'est pas un roman de Zola», écrit sa soeur aînée, mais ça y ressemble. Toute la famille (les parents, onze enfants, dont deux sont décédés) est aujourd'hui française, sauf Lâtif, qui a raté le coche. «A 43 ans, il en paraît 65, il est usé précocement, dit sa soeur. Vin