«Qui n'a pas pleuré dans l'équipe, ces derniers temps? La fatigue et
la peur sont présentes tout le temps. Mais c'est venu progressivement. Au début, bien sûr, il y a quelques mois, on s'est rendu compte avec la fermeture des urgences de Rothschild que l'on avait plus de travail et que l'on courait plus vite que d'habitude. Les patients qui arrivaient aux urgences chez nous, à Saint-Antoine, se sont mis à attendre de plus en plus. Quand ils arrivaient, bien sûr, on regardait si leur situation médicale était urgente ou pas. Ensuite, on faisait le tri. Et puis, il y a eu des bêtises. On a découvert un dossier de douleur thoracique caché sous une pile. Alors qu'une douleur thoracique, c'est l'urgence absolue, car on peut suspecter un infarctus. On a eu de la chance cette fois, il n'y a pas eu de problèmes. Mais" Entre nous, on n'en parlait pas vraiment. Peut-être ne voulait-on pas savoir? Mais on craquait. Je ne connais pas une infirmière qui n'ait pas pleuré. D'autres problèmes se sont entassés. Il n'y a pas que les urgences qui sont débordées. Par exemple, on passe de plus en plus de temps à chercher un lit pour hospitaliser un patient. Comme nous n'avons jamais de place disponible, on va passer deux, voire trois heures à trouver un service pour l'accueillir. Et si vous, vous arrivez aux urgences à ce moment-là, alors vous allez attendre, vous allez vous plaindre, dire que l'on ne prend pas soin de vous. C'est un cercle vicieux. Heureusement que l'on s'est mis en grève. Pour n