Colmar, envoyée spéciale.
Le 6 juin 1996, Sylviane Streissel emmène Evelyne, 4 ans et demi, en voiture «pour une promenade» jusqu'au grand canal d'Alsace. L'automobile plonge dans l'eau, la fillette meurt noyée. Sa mère, les pieds mouillés et le pantalon taché, se fait conduire à la gendarmerie où elle bredouille: «J'ai tué ma fille.» Depuis deux ans, Evelyne souffrait d'une maladie génétique incurable, une encéphalopathie mitochondriale. Sylviane Streissel, 35 ans, comparaît depuis le début de la semaine devant la cour d'assises du Haut-Rhin pour le meurtre de son enfant. De la scène fatale, elle ne se rappelle que «des flashes»: l'eau, la voiture, son envie de «partir», «de ne plus souffrir».
C'est l'histoire d'une longue descente aux enfers. Un couple avec son lot de mésentente et ses phases de réconciliation. Marie naît en 1989, Evelyne fin 1991. Au cours de l'été 1994, les parents remarquent chez leur cadette les premières anomalies de comportement. Six mois plus tard, deux médecins diagnostiquent la maladie mortelle irréversible. Sylviane Streissel ne s'en remettra pas. Elle mobilise tout ce qu'elle peut de médecins, en France et à l'étranger. Sans succès.
Hôpital psychiatrique. Surtout, elle plonge dans la dépression, fait une tentative de suicide, plusieurs séjours en hôpital psychiatrique le dernier durera un mois, elle en sortira six jours avant le meurtre de sa fille. Elle accuse son mari, qu'elle juge coupable de s'être réfugié dans le travail, et l'ensemble du co