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Libération

La mer toujours sous les pustules de fioul. Vendredi, le vent d'ouest a rapproché les nappes de l'île d'Yeu.

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publié le 18 décembre 1999 à 2h23

Brest envoyé spécial

L'hélicoptère de la marine survole la zone striée de sillages bleuâtres, irisés comme des flaques d'essence. A perte de vue, sous un ciel nuageux et sombre, l'océan est agité de millions de vagues mouchetées d'écume, terriblement vivant. Et, tout à coup, cette tache morte, inerte, où se débat un malheureux oiseau englué presque jusqu'au cou, qui peine déjà à remuer la tête. «Il n'en a plus pour longtemps», lâche un militaire. La nappe de pétrole s'étale sur une bonne centaine de mètres de diamètre. Parfaitement lisse, huileuse, d'un gris mat et que les flots parviennent tout juste à soulever d'ondulations molles. Une plaie sans aspérité. La pollution qui sévit depuis plusieurs jours au large des côtes vendéennes ressemble désormais à une mauvaise maladie des mers qui la parsème de pustules.

L'hélicoptère vire de bord. Plus loin, balancé par la houle, se dandine le Buffle, l'un des deux remorqueurs antipollution envoyé pour tenter de pomper. Pauvre animal maculé de pétrole, il traîne derrière lui un long serpent de boudins orange, inutile. Le Buffle est en effet toujours dans l'attente de son alter ego, l'Ailette, parti s'équiper de nouveaux systèmes de pompage, à Lorient. Les hommes de l'hélicoptère ont remonté un échantillon de fioul. Le produit est noir comme un goudron gluant, du bitume liquide dont on fait les routes.

Cinq jours après le naufrage de l'Erika, les autorités maritimes n'ont toujours pas trouvé la solution pour tirer cette glu des flots, e